FiLH - L'entre deux

Entre Guillaume Dustan et le porno chic, entre Catherine Millet et les lofteurs, l'air du temps est incontestablement à l'exhibitionnisme.

FiLH ne déroge pas à cette règle mais son travail, qui paraît au premier abord relever de la pornographie la plus crue, offre une réflexion pertinente sur cette mode.

A l'opposé du nu photographique traditionnel, ou l'on cherche à créer une relation entre le modèle et le public, ou le photographe cherche à n'être qu'un médiateur, FiLH reconstruit ce rapport entre le modèle et le spectateur sur de nouvelles bases, le photographe et l'appareil, devenant, eux aussi, acteurs de l'œuvre, à la fois modèles et artistes, dans une sorte de flou entre le portrait, l'autoportrait et la pornographie.

Pär cette participation directe, visible, à l’œuvre, l'auteur enlève au spectateur la possibilité de s'identifier au photographe, nous oblige à questionner notre voyeurisme, nous force à prendre de la distance vis-à-vis du sujet.

La forme de ces œuvres est, elle aussi, en phase avec les évolutions de notre société. Informaticien de formation, FiLH exploite remarquablement les possibilités offertes par les nouvelles technologies.

La photographie numérique, en faisant disparaître les contraintes de la photographie traditionnelle (le nombre limité par la pellicule, le développement, ...), permet à l'auteur de développer un travail basé sur les séries, la répétition, la fragmentation, comme ces nombreuses photos de portions de corps, tout juste identifiables. Par ce processus, mais aussi en s'offrant le luxe de ne pas choisir, d'intégrer à ses projets des images "ratées", surexposées, floues, mal cadrées, il ne fait plus "des photos" mais des œuvres construites autour de ces photos.

Ses oeuvres sont d'ailleurs conçues en priorité pour Internet et le site, riche et complexe, explorant diverses méthodes de navigation, volontairement déroutant, achève le travail de détachement de la pornographie qu'il semblait dans un premier temps offrir, oblige encore le spectateur à sortir de sa passivité voyeuriste. Loin de la contemplation de corps nus, on se retrouve face à une œuvre ou les images, le site et ses mécanismes, l'auteur lui même ne constituent plus que des parts d'un projet global et cohérent.

Par son double jeu souvent troublant, illustré par les aphorismes de l'auteur dans les textes de "le cul entre deux chaises" (faire/ne pas faire, choisir/ne pas choisir), l'oeuvre de FiLH peut déranger. En jonglant ainsi, sur une corde raide, entre complaisance et critique, entre exhibition et critique de cet exhibionnisme, en se livrant autant, il prend le risque d'être mal compris. C'est aussi ce risque qui fait la force de son oeuvre.

Flop

http://www.filh.org
http://l.entre.free.fr

Pour aller plus loin... Le Copyleft

FiLH propose quelques travaux basés sur la licence "art libre". Cette nouvelle approche, directement inspiré des logiciels libres, vise à une nouvelle approche des droits d'auteurs, et, in fine, à une nouvelle approche de l'économie de l'art, moins mercantile et permettant d'en favoriser l'accès au plus grand nombre.

En proposant une œuvre basée sur la licence "art libre", l'auteur autorise une diffusion, mais aussi une modification libre de celle-ci, permettant ainsi à chacun d’y participer.

Plus d'infos sur : http://artlibre.org/news/